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 Les grandes surfaces : Entre satisfaction client et taux de casse :
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Quel est le sort des produits invendus ou périmés de la grande distribution en Tunisie? Tous les aliments mis en rayons n’atterrissent pas forcément dans nos assiettes. Donc revendus, recyclés ou jetés à la poubelle ? Focus.
Dire grande distribution c’est dire aussi grande quantités, grands volumes et des produits invendus. Parmi ces produits il y a les produits alimentaires frais et ultra frais, limités par des dates de péremption. Comment les grandes surfaces en Tunisie gèrent-elles ces produits et que font-elles des produits invendus ? Pour répondre à ces questions nous avons sollicité les quatre grandes surfaces en Tunisie, et deux seulement à savoir Monoprix et le Magasin Général ont répondu. Malheureusement il ne faut pas s’attendre à des chiffres parce que pour des raisons de concurrence et de stratagème commercial ces deux grandes enseignes n’ont pas voulu s’exprimer sur leurs chiffres, notamment le taux de casse de leur distribution. Rappelons que Monoprix et Magasin Général ont répondu favorablement à notre demande vu que ce sont deux entreprises cotées en Bourse et qui se sont engagées à communiquer sur leur activité devant leurs actionnaires.
Les produits invendus sont jetés dans les poubelles ou détruits
Aux rayons des produits frais et ultra frais, une grande partie des consommateurs tunisiens, remplissent leur panier de yaourts, de lait ou de viande sans avoir lu attentivement les délais de consommation de ces produits. Ce n’est qu’une fois rentrés à la maison et après une ou deux journées que l’autre partie des consommateurs tunisiens s’aperçoit que le produit acheté est périmé. Même si la date de péremption est encore lointaine, le produit est inconsommable et ce à cause de sa mauvaise conservation. Ce produit suit un parcours d’une durée d’une semaine partant du producteur pour arriver au rayon des grandes surfaces. Dans cette période d’été les produits sont de plus en plus vulnérables et se gâtent à cause de la chaleur. Fruits et légumes, viande, poissons ou produits laitiers obéissent à une mention “A consommer jusqu’au”. Cette mention doit figurer sur chaque produit périssable, conformément au référentiel réglementaire national de la consommation. La grande distribution applique ce référentiel et applique aussi une politique interne de gestion. Monoprix par exemple a ses règles internes. En effet, M. Adel Ayed, directeur général de Monoprix, a signalé que, outre la date limite de consommation (DLC) prescrite par le producteur du produit, Monoprix a instauré la DLV (date limite de vente), c’est-à-dire la date au-delà de laquelle le produit ne doit pas être exposé dans les rayons, soit dix jours avant la DLC pour les produits laitiers par exemple. Cette procédure permet au consommateur de garder le produit dans son réfrigérateur au moins dix jours avant la date limite de consommation. Quant à Magasin Général, elle procède au retrait de ces produits des rayons quarante-huit heures avant la DLC. Chaque grande surface a ses propres méthodes pour préserver la chaîne de froid des produits. Le Magasin Général suit une procédure privilégiant le respect de la chaîne du froid depuis le producteur jusqu’aux rayons. Cette procédure lui a permis d’entrer dans les normes internationales de l’hygiène. Monoprix, quant à elle et selon son directeur général, a instauré une démarche impliquant les producteurs. Ainsi pour les yaourts, qui doivent sortir de l’usine 28 jours avant la date de péremption et mettent une semaine pour arriver dans les rayons, Monoprix met la pression pour qu’elle soit la première à être servie. Ce qui fait que deux ou trois jours après la sortie de l’usine les yaourts sont dans les rayons de Monoprix. Par ailleurs pour certains produits elle a mis un circuit d’approvisionnement direct dédié exclusivement à l’approvisionnement des magasins Monoprix.
Quant à la question de l’étiquetage qui se fait en interne des magasins à savoir pour la viande, les pâtisseries et certains fromages (le reste des produits sont étiquetés par le producteur), selon certains consommateurs, au lieu d’être retirés du rayon, ces produits ont droit à une seconde vie et peuvent changer d’emballage, une nouvelle étiquette est créée et ils repartent dans le circuit. Monoprix et Magasin Général ont dénoncé cette pratique. Pour ne laisser aucune chance à un éventuel ré-emballage pratiqué par certains responsables de magasin, les deux enseignes ont instauré des laboratoires centralisés pour l’étiquetage des produits. Ainsi, pour respecter la chaîne de froid, la grande distribution a un tableau par type de produit. Chaque produit obéit à des règles dès sa réception. Mais le risque zéro n’existe pas et il peut arriver que la chaîne du froid soit rompue, et alors le produit est retiré du rayon, même si sa date de consommation est encore valide. Une fois retirés du rayon, quel est le sort de ces produits ?
Les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de produits en quantité d’où un grand volume de stocks, ce qui implique un risque de produits invendus, qu’on appelle “taux de casse”. En effet, selon Monoprix, la grande distribution doit choisir entre la satisfaction clients et un stock zéro de produits invendus. On ne peut pas satisfaire les besoins des clients avec une petite commande. Le rayon doit être rempli et approvisionné en permanence et durant toute la journée. Ce comportement implique le risque d’augmenter ce qu’on appelle dans le langage de la grande distribution le taux de casse. Pour raison de stratégie commerciale, les enseignes ont catégoriquement refusé de communiquer sur leur taux de casse. Reste à savoir le sort de ce taux de casse. Pour certains produits le Magasin Général a signé des accords de reprise des marchandises. Ainsi certains producteurs reprennent les produits invendus et se chargent de les détruire. Pour les autres produits c’est le Magasin Général qui se charge de leur destruction. Détruire, c’est emballer dans de grands sacs plastiques sans prendre la peine de séparer le contenant du contenu, en les aspergeant de produits chimiques pour la viande et à l’eau de Javel pour les produits laitiers et les jeter dans les poubelles. Pour les fruits et légumes de Monoprix, ils sont récupérés par des sociétés agréées par le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Ces produits sont recyclés et transformés en méthane. Une fois méthanisés, ces produits peuvent produire de l’électricité. Pour les produits secs (de conserve), ils sont récupérés par l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGED).
En Tunisie il existe peu d’unités qui transforment les produits périmés ou invendus en énergie ou en denrées alimentaires. Donc pratiquement tous les produits invendus sont condamnés à la destruction : viande, poisson, produits laitiers, volailles et pâtisseries. Les pâtisseries, selon Monoprix, enregistrent le taux de casse le plus élevé, soit entre 20 à 30%. En effet ce secteur est encore nouveau et l’enseigne a récemment acheté un atelier de pâtisserie industrielle ; elle est au début de son expérience et est en train de mettre en place un processus pour l’optimisation des produits et diminuer le taux de casse. Quant à la possibilité que des associations puissent récupérer les produits encore consommables, le Magasin Général a estimé que le taux de casse est tellement faible que ce n’est pas pour quelques pots de yaourts que les associations vont se déplacer. Quant à Monoprix, elle a conclu récemment un accord avec une association caritative, domiciliée à Kalaât El Andalous, qui récupère les produits arrivés à DLV pour un usage caritatif.
L’environnement, une nouvelle culture
En Europe, dans les grandes surfaces, rien ne se perd, rien est détruit. Les produits périmés sont tous recyclés et les produits invendus encore consommables sont transférés automatiquement vers les associations caritatives. Avec le changement climatique et le tarissement de ressources énergétiques, le ministère de l’Environnement et du Développement durable et les distributeurs sont devenus conscients de la nécessité de transformer les produits invendus et périmés des grandes surfaces en énergie renouvelable. Pour les distributeurs cette conscience vient d’une volonté de se construire une image d’entreprise citoyenne. Dans cette perspective, Monoprix a entrepris une stratégie de limiter le gaspillage dans ses sites, avec l’ANME et le GTZ. Il s’agit d’un cycle de mise à niveau environnementale constitué d’une batterie d’engagements. Dans chaque magasin, Monoprix a placé un silo à chaque sortie de caisse pour collecter les piles usagées qui seront ensuite récupérées par l’ANGED. Monoprix sera soumise à une évaluation sur sa consommation d’eau et d’électricité et sur sa production de déchets. Suite à cette évaluation, un plan d’action sera mis en place pour améliorer le fonctionnement de l’enseigne en matière d’environnement. Ceci étant dit, la culture environnement et optimisation de gestion des produits alimentaires invendus dans la grande distribution reste encore marginalisée. Les grandes surfaces détiennent uniquement 20% du marché de la grande distribution. En évolution perpétuelle, ce secteur gagnera plus de terrain sur le marché, faut-il penser à optimiser la gestion des grandes surfaces en termes d’économie d’énergie et d’environnement avant que ce soit impossible ?
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Publié le : 26/07/2010 | Source : Réalités | Lu : 183 fois |  Imprimer
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